Revigorés par notre première nuit sud-africaine, nous reprenons le bitume avec comme objectif du jour l’exploration de quelques lieux naturels magnifiques de la région.
Au fur et à mesure de notre route, les paysages deviennent de plus en plus agréables pour nos rétines, avec notamment un très grand nombre de forêts artificielles. Pour le reste du parcours qui nous amènera finalement à l’entrée du parc Kruger, nous longeons le Blyde River Canyon et nous nous arrêtons à plusieurs points de vue, notamment le fameux Three Rondavels, qui offre le panorama du coin à ne pas louper, que l’on retrouve sur toutes les brochures touristiques.
Vers 15h, nous arrivons à Orpen Gate. C’est l’un des accès permettant de rentrer au parc, se situant entre le centre et le sud. Après quelques paperasses, nous entrons enfin dans le parc avec beaucoup d’impatience et d’excitation. Les quelques animaux aperçus les kilomètres précédents notre entrée au parc nous ont mis l’eau à la bouche.
Nous nous dirigeons directement vers Tamboti, qui est un petit camp détaché de celui d’Orpen, à 2 km de celui-ci, mais dépouillé de toutes commodités : pas de resto, ni d’épicerie, ni d’essence. Tout doit être acheté dans le camp principal.
Tous les camps du parc sont heureusement clôturés. Les portes ouvrent de 6h à 18h à cette période de l’année. Il est donc convenu de ne pas trop s’attarder dans le parc après le coucher du soleil, d’autant que les clôtures électrifiées qui entourent les camps nous font penser à celles de Jurassik Parc dans lesquelles sont enfermés les tyrannosaures. Une différence toutefois, ici pas d’animal ressuscité à partir d’un fossile de moustique. Autre différence, ici ce ne sont pas les animaux qui sont enfermés, mais nous ! Les animaux ont-ils à craindre de nous ou est-ce le contraire ?
En théorie les animaux ne peuvent pas rentrer. Même si les portes sont ouvertes tout au long de la journée, l’accès au sol est tel que les mammifères ne peuvent pénétrer l’enceinte qui nous est réservée. Les bêtes se prendraient les pattes dans les espaces vides se trouvant entre les rondins métalliques. Apparemment, seul un animal peut venir perturber le repos des apprentis aventuriers, les babouins, d’après une notice posée sur la table de notre tente. L’information se confirmera plus tard dans la soirée…
En attendant, nous faisons le tour du proprio. Dans le camp de Tamboti, il n’y a que des safari tentes, une dizaine, installées sur pilotis, avec le confort minimum à l’intérieur : frigo et ventilateur. Ici, nous avons vraiment l’impression d’être au coeur de la nature. Pour le moment, une seule chose nous hâte, faire un premier tour de la réserve pour le peu de temps qu’il nous reste, soit environ deux heures. Dans l’immensité de ce parc, une carte, que l’on peut se procurer dans la boutique du camp, est indispensable.
Deux types de routes sont empruntables : les routes goudronnées où la vitesse est limité à 50km/h et les routes de terre, à 40km/h. Rapidement la vie animale se manifeste. Les bovidés y abondent : gnous, antilopes, koudous, impalas… Ces derniers ressemblent à des biches et sont les plus nombreux des animaux du parc, ils sont plus de 130 000.
Nous faisons également notre première rencontre avec l’animal le plus impressionnant physiquement : l’éléphant d’Afrique. Beaucoup plus imposant que son cousin d’Asie, que nous avons déjà eu l’occasion de voir de près en Inde et au Sri Lanka. Il est considéré comme l’animal avec lequel les précautions à prendre sont les plus sérieuses. De nature inoffensive, il est toutefois nécessaire de suivre certaines règles de sécurité pour ne pas voir ce géant charger les véhicules. Et au pire des cas, même s’il venait à charger, il y a plus de chance que cela soit pour impressionner que pour heurter réellement la voiture.
Ayant suivi les consignes de sécurité, nous avons quand même un petit moment de frayeur. Nous sommes sur la route goudronnée lorsque nous croisons un de ces pachydermes à une vingtaine de mètres, sur le côté, hors de la route. Etant chez lui et faisant comme l’envie lui prend, il sort d’un coup de sa cambrousse pour venir sur la route entre notre véhicule et les deux nous précédents. Il a comme un moment d’hésitation ou de réflexion en se plaçant devant nous et nous regardant. Dans ce cas, même si le danger réel est encore loin, nous nous sentons d’un coup tout petit et tout à fait vulnérable face à ce monstre de plusieurs tonnes. Il se retourne finalement pour presser le pas vers les deux voitures devant nous. Il retournera finalement dans ses hautes herbes.
C’est sur ce premier contact rapproché avec la nature sud-africaine que nous retournons à notre camp non sans avoir croisé également impalas, gnous, phacochères, zèbres et girafes.
Tout juste revenus au camp, la nuit est déjà tombée, accompagnée de ses inquiétants bruits… A croire que seuls les humains sont diurnes ici. Nous aurons la preuve que la faune locale est principalement nocturne quand nous sommes réveillés par des bruits mystérieux en dehors de notre tente, à quelques mètres à peine de nos lits. Des tapotements et des pas sur notre terrasses en bois. Des gestes qui s’apparentent à des mouvement humains. Puis notre poubelle est renversée brutalement. Nous nous souvenons alors de la note concernant les babouins. Dans ce cas, mieux vaut les laisser à leurs manigances et constater les dégâts demain matin.