Ketambe, un choix de trekking authentique
Pour la troisième nuit consécutive, ce n’est que par brefs moments que nous trouverons le sommeil. Espérons que le jet lag s’estompe rapidement sans quoi les journées à venir risquent d’être longues et épuisantes…
C’est pourtant aujourd’hui que commence la partie la plus physique de notre voyage : le début d’un trek de 4 jours et 3 nuits dans la jungle de la réserve du Gunung Leuser de Sumatra.
Les treks dans la jungle de Sumatra sont une attraction prisée des touristes et durent généralement de 1 à 4 jours, voire davantage pour les plus aventuriers et sportifs. La réserve du Gunung Leuser occupe une grande partie du territoire nord de Sumatra. Plusieurs endroits constituent des zones intéressantes de trekking. La plus connue est la jungle bordant le village de Bukit Lawang, réputé pour son centre de réhabilitation des orangs-outans. Les orangs-outans sont les primates les plus grands de la planète après les gorilles et ne vivent en liberté que dans deux jungles : celle de Sumatra et celle de Bornéo, l’île voisine, que se partage la Malaisie et l’Indonésie.
Bukit Lawang est le lieu où il est le plus aisé d’apercevoir les géants roux, car le centre de réhabilitation relâche dans la nature des orangs-outans autrefois en captivité, après des mois ou des années de soins. Malgré un environnement idéal, certains ne seront jamais autonomes et reviennent deux fois par jour sur les plateformes de nourrissage installées à la lisière de la jungle.
Bukit Lawang est donc la manière la plus simple d’observer les orangs-outans mais certainement la moins authentique, d’autant que certains guides manquent apparemment de professionnalisme et de bon sens en les approchant de trop près pour les nourrir à la main, sans prendre en compte les risques de transmission des maladies comme un simple rhume, qui peut avoir des conséquences dramatiques sur ces animaux.
Pour ces raisons, notre choix s’est porté sur la jungle de Ketambe, plus éloignée que Bukit Lawang, beaucoup moins touristique, mais sans la garantie d’apercevoir les orangs-outans. En revanche, si c’est la cas, nous aurons l’immense privilège de les voir évoluer dans leur environnement naturel, ce qui est assez rare quand on sait que ces primates sont endémiques à cette région et qu’ils sont en voie de disparition. Espérons que la chance sera avec nous durant ces quatre jours dans la forêt tropicale.
Découverte du Gunnung Leuser
A 9h, l’aventure commence, nous pénétrons dans la jungle dense et humide avec notre guide Johnny. Saïd et Salim complètent l’équipe et partent directement au camp du soir pour préparer les couchages et la nourriture.
Rapidement, les premiers singes se font entendre. Ce sont des Langurs, appelés Thomas Leaf, avec une crête de punk en guise de coiffe. Assez craintifs, ils restent à l’écart, haut perchés dans les arbres. Des civettes parcourent également la forêt sautant de branches en branches tels des écureuils. L’humidité est omniprésente et promet de nous faire perdre des litres d’eau durant ces quatre jours. Il faudra veiller à bien se réhydrater.
Johnny est ici chez lui, la tête constamment levée en direction des mouvements dans les branches, il avance hors des sentiers avec une aisance et un sens de l’orientation déconcertants. Terre volcanique oblige, la jungle est vallonnée et réclame donc davantage d’efforts physiques.
Un bivouac bien organisé
A peine 2h30 de marche plus tard à une allure modérée entrecoupée d’observations, nous arrivons à notre camp, que Saïd et Salim finissent de mettre en place, au bord d’une rivière bruyante et rafraichissante. Un camp forcément rudimentaire mais bien organisé avec plusieurs espaces.
Dans l’espace cuisine une bouilloire contenant l’eau de la rivière est constamment sur le feu, afin de nous ravitailler en eau mais aussi en thé au citron, qui sera notre boisson quotidienne durant ces quatre jours. Des étagères fabriquées façon Koh Lanta contiennent toutes nos vivres : fruits, légumes, nouilles en sachet, riz…
L’espace salle de bain est quasiment sans limite avec une rivière qui nous fournit l’eau en permanence et différents espaces de bain possibles.
Enfin le coin couchage : une bâche fait office de séparation avec le sol, surmontée de très fins tapis, qui nous promettent des nuits fermes… Le toit est fait de bâches transparentes qui permettent d’observer la canopée une fois allongé.
Après la découverte du camp et un déjeuner copieux, nous repartons dans l’après-midi à la recherche de la faune locale. Les orangs-outans ne semblent pas vouloir se montrer aujourd’hui. Malgré près de quatre heures de marche seuls des langurs et des macaques s’agitent au-dessus de nous, toujours en mouvement, ce qui rend les photographies difficiles sans téléobjectif. Peut-être que certains orangs-outans sont très proches de nous mais leur discrétion et les millions de branches au-dessus de nos têtes ne facilitent pas leur observation. La marche est un peu difficile en fin de journée avec des collines parfois abruptes et glissantes, et nous sommes bien contents de retrouver notre camp et la rafraichissante rivière.
La pluie s’invite au moment du diner, où nous nous réfugions tous les 7 dans la tente commune pour une soirée conviviale agrémentée de bières, que les porteurs ont pris soin de transporter pour une réhydratation bienvenue après les litres d’eau perdus aujourd’hui. A l’heure du coucher, chacun prépare son mètre carré d’espace et s’allonge face au ciel où le spectacle peut enfin commencer : des éclairs et des lucioles illuminent la nuit par intermittence, sur un fond sonore où se mêlent le bruit de l’eau vive de la rivière et les cris d’animaux nocturnes.
Conseils aux voyageurs
Organiser son trek à Ketambe :
– Johnny Jungle, sans doute le meilleur guide de la région, peut vous proposer des treks sur-mesure pour le nombre de jours souhaités. Un séjour de 4 jours et 3 nuits est idéal. Très professionnel, il connait la jungle depuis près de 20 ans, la respecte (pas comme tous les guides) et sera aux petits soins avec vous grâce à son équipe. Son site web : www.jungletrekkingsumatra.org
– Le traitement anti-palu n’est pas indispensable. A priori, il n’y a pas de cas signalé dans la région. Nous ne l’avions pas pris. En revanche, nous avons été vaccinés contre l’hépatite A, fortement recommandé.
– Équipement utiles/nécessaire : gourde, pastilles stérilisantes, sandales, savon écolo, ficelle, oreiller gonflable, sac à viande, 2/3 t-shirt en matière synthétique, maillot de bain, 2 pantalons, batteries appareil photos… Le sac de couchage n’est pas nécessaire (uniquement pour les plus frileux) et peut être prêté par Johnny.
– La meilleure période pour trekker est celle allant de juin à septembre car il y a beaucoup de fruits, donc plus de chances d’apercevoir les animaux.