Un réveil difficile

Plus les jours avancent, plus le voyage met à l’épreuve notre physique. Le trek du Langtang en est la principale cause, mais les nuits qui se succèdent ont du mal à se faire complètes et récupératrices, notamment celles passées en altitude. Les trajets en bus sont également éprouvants, et l’on comprend pourquoi lorsque l’on met plusieurs heures pour n’effectuer que quelques dizaines de kilomètres… Quant aux journées, elles sont généralement bien remplies, avec peu de repos.

Voilà toutes les raisons qui peuvent affaiblir nos défenses immunitaires. Et des défenses immunitaires, j’en aurais bien eu besoin pour lutter contre un agent intestinal perturbateur qui trainait dans mon curry de la veille. L’état de mon estomac au réveil n’annonce rien de bon pour cette journée qui promet d’être longue et physique : une journée de safari à pied dans la jungle népalaise.

Au milieu de la faune sauvage

La réserve de Chitwan est immense. S’y aventurer pour une journée ne permet d’en couvrir qu’une petite partie. Certains le font sur deux ou trois jours mais ils doivent de toute façon ressortir de la réserve pour dormir dans un village limitrophe car y dormir est interdit.

Le touriste a le choix de partir à la découverte de cette réserve en jeep, à dos d’éléphant ou à pied.

Évidemment nous optons pour la marche étant donné que notre voyage est placé sous le signe du trek ! Nous sommes accompagnés de deux guides qui s’accommodent de leurs armes, un simple bâton, pour dissuader les éventuelles rencontres inopportunes et dangereuses.

L’aventure commence par 45 minutes de pirogue sur la rivière faisant office de frontière avec la réserve, sous une épaisse et mystérieuse brume.

Une fois le pied à terre, nous sommes de suite mis en garde : chaque année, des touristes et locaux subissent des désagréments dans ce parc avec les animaux. Mise en garde réelle ou protocole bien rôdé afin d’augmenter le taux d’adrénaline… nous ne le saurons pas. Une certitude toutefois, la réserve regorge d’une faune variée dont certains animaux peuvent constituer une menace pour l’homme. Mais relativisons, il est rare d’apercevoir les félins, notamment les tigres, qui ne font le bonheur que de quelques touristes dans l’année.

En cas de rencontre fortuite qui tournerait mal avec les animaux dangereux de la réserve, il est convenu d’agir d’une certaine manière en fonction de la menace qui se présente. Ainsi, face à un tigre, il faut reculer doucement. Pour contrer une charge d’un rhinocéros il faut courir en zigzag, se cacher derrière un arbre ou y grimper. Un ours peut être dissuadé en faisant un maximum de bruit. Et enfin, face à la charge d’un éléphant, sans doute l’animal le plus dangereux, il faut simplement courir le plus rapidement possible et accessoirement prier… Garder une distance raisonnable avec les animaux est donc la première des précautions.

On vient ici pour jouer à se faire peur mais aussi pour profiter d’une flore dense et exotique.

Nous avons la chance de n’être que tous les deux, accompagnés de nos deux guides qui semblent parfaitement connaître les lieux et nous emmènent en plein cœur de la forêt, outrepassant parfois les sentiers pour venir au plus près de la faune. C’est ainsi que nous sommes rapidement mis dans l’ambiance de ce safari, avec la rencontre d’un imposant habitant de la forêt, un rhinocéros, en train de se nourrir paisiblement, mais que nous ne pouvons pas approcher de trop près pour des raisons de sécurité. La jungle népalaise semble donc bien abonder d’animaux sauvages rares et majestueux.

Toujours en dehors des sentiers battus, nous pénétrons davantage dans la densité de la flore en essayant de se faire le plus discret possible pour ne pas alerter notre présence, malgré les branches qui craquent sous nos pas. Les consignes sonores sont les suivantes : ne pas trainer les pieds mais les poser délicatement, esquiver et non dégager les branches du chemin et évidemment reporter les discussions à plus tard.

Sous l’œil avisé de notre guide nous repérons des singes, hauts placés dans les arbres, des langurs, les mêmes que nous avons aperçus lors de notre trek du Langtang. Également des daims à l’ouïe efficace, décampant à notre approche.

Par moment, la jungle a le simple aspect d’une forêt européenne banale et on en oublierait presque qu’une faune inexistante sur notre continent y vit. Nous alternons forêts et plaines, où les très hautes herbes de trois ou quatre mètres forgées par la mousson nous mettent dans une situation de vulnérabilité : la visibilité est nulle et certains animaux sont susceptibles d’apparaitre à chaque instant, dont les éléphants sauvages, la principale menace de Chitwan. C’est en avril-mai qu’il est préférable de visiter le parc, lorsque les plaines sont complétement dégagées et sèches, avant le début des pluies.

Après la pause déjeuner, nous continuons notre recherche des autochtones à quatre pattes. Autrefois, il existait des villages à l’intérieur de la réserve. Mais il y a quelques années, le gouvernement les a délogés, afin de faire de la réserve un sanctuaire protégé pour les animaux et pour le tourisme. Les villages ont été déportés à la limite du parc. Il subsiste néanmoins des personnes qui y vivent temporairement. Nous tombons sur un camp rudimentaire d’une cinquantaine de travailleurs chargés de dégager une partie de la flore afin de baliser un sentier pour les touristes. Des militaires dont le travail est de construire des hautes guérites d’observation habitent également temporairement dans la jungle. Ils nous interpellent et demandent à nos guides de les suivre jusqu’à leur découverte : un énorme python enroulé sur lui-même et approchant les trois mètres de long. Son souffle très bruyant et sa tête relevée sont signes de méfiance, voire de défiance. Une fois de plus Chitwan nous surprend et nous rappelle qu’elle n’est pas une simple forêt inoffensive…

La longue marche continue et commence à solliciter durement notre physique, d’autant que je transporte avec moi depuis ce matin mon mal gastrique qui transforme la seconde partie de la journée en une difficile épreuve physique. Nos nombreuses heures de marche nous récompensent avec deux rhinocéros aperçus au loin, dans une grande mare, prenant un bain et mangeant les racines des plantes aquatiques.

C’est après une journée riche de huit heures que nous revenons à la berge de ce matin. Nous la rejoignons en traversant la rivière, qui fait office de frontière avec la réserve, en pirogue.

Complètement anéanti par la marche et mon état de santé je m’effondre au retour du trek dans un long sommeil que j’espère récupérateur.

Conseils aux voyageurs :

Billet entrée : 1 500 R (12 €). Il n’est valable que pour une journée. Si vous souhaitez faire un safari à pied puis un second en 4×4, vous devrez vous acquitter deux fois de cette somme. Pour les éléphants, en revanche, ce n’est pas nécessaire à condition de faire la ballade le lendemain de la validité de votre billet.

Safari à pied : c’est une longue journée qui vous attend ! Le safari commence par 45 minutes de pirogue puis environ 8 heures de marche. Une marche agréable au cours de laquelle vous pouvez rencontrer une multitude d’animaux si la chance est de votre côté. Expérience intéressante et montée d’adrénaline possible ! Tarif : 4 000 R (32 €), entrée du parc comprise. Réservez auprès de votre hôtel.

Safari à dos d’éléphant : la ballade dure 1h30 et a lieu en dehors du parc, à la limite. Cette manière de découvrir la nature offre la possibilité d’approcher davantage les rhinocéros qu’à pied.  : 1700 R (13 €).

Safari en 4×4 : vous pourrez davantage approcher certains animaux qu’à pied. Les tours durent généralement 4 heures et coutent 2 100 R (16 €)+ 1 500 R (12 €) (entrée dans la réserve).

Meilleure période pour visiter le parc : avril-mai car les herbes sont courtes, il est donc plus facile de voir les animaux et de prévenir les dangers.

Safari sur plusieurs jours : vous pouvez passez plusieurs jours dans la réserve (2-3) afin d’augmenter vos chances d’apercevoir certains animaux mais vous ne dormirez jamais à l’intérieur du parc. Il y a des petits villages tout autour.

2 Comments

  • Stephane
    Posted 17 août 2018

    Bonjour …je tiens a preciser qu il est possible de dormir en jungle…en recherchant un peu il existe jne seule tour pour y dormir… nous y allons debut octobre et faisons un trek de 2 jours en jungle avec nuitee ( rudimentaire). Au revoir

    • Steph - Loindici
      Posted 17 août 2018

      Merci pour l’information ! J’aurai adoré dormir dans la jungle du Népal. Je l’ai fait à Sumatra et c’était une superbe expérience.

      Bon voyage !

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