18 juin 2016

Sur notre lancée de la veille, nous réitérons une excursion à la journée avec le même chauffeur-guide. Cette fois, un compatriote de Keliki nous a rejoint. Au programme, une partie du Sud-Est de Bali.

Le village de Penglipuran et sa forêt de bambous

Le traditionnel village de Penglipuran constitue notre première étape. D’une esthétique soignée, l’allée principale fleurie de part et d’autre donne accès aux habitations typiquement balinaises : des grandes maisons familiales avec une cour centrale et plusieurs dépendances tout autour. Le village est d’autant bien entretenu qu’il est une attraction touristique : un droit d’entrée y est même exigé.

La forêt de bambous attenante vaut également le détour. Des géants verts de plus de 15 mètres offrent un espace ombragé et frais, bienvenu dans cette fournaise matinale.

Le Temple de Kahen

S’ensuit la visite du Temple de Kahen, dans le pur style balinais. On a du mal à associer ces temples à l’hindouisme, car leur aspect est très différent des temples que l’on peut voir en Inde. Ici, l’architecture valorise les forme géométriques, et donne parfois un faux-air de temples aztèques. Autre particularité, des statues représentants des animaux protecteurs tels que des tigres, des dragons, des serpents et également des singes… Les croyants ont également une spécificité par rapport à l’hindouisme dit « classique », leur tenue : ils se couvrent d’un sarong, le tissu porté comme une jupe longue, par les deux sexes, et orné d’une ceinture. Il est obligatoire de suivre ces codes vestimentaires pour pénétrer à l’intérieur du temple. Tout les temples à Bali ne requièrent toutefois pas cette tenue spécifique.

Déjeuner panoramique

A midi, on s’attable pour un buffet, à un restaurant qui vaut le détour davantage par son cadre somptueux que la qualité de sa nourriture : un panorama grandiose composé de rizières en terrasses au premier plan, d’un mur végétal qui cache une forêt au second plan et de la montagne Agung en fond, dont la partie haute est masquée par les nuages d’une météo qui se veut capricieuse par moment.

Nous sommes hypnotisés par ce saisissant paysage qui offre une impression d’immensité, accentuée par notre situation qui surplombe ce décor exotique.

La mafia du Temple de Besakih

En début d’après-midi, c’est à un autre temple que nous dépose notre chauffeur, celui de Besakih, lui aussi payant, environ 1 euro l’entrée. Afin d’éviter de devoir payer un guide, nous faisons croire que nous sommes déjà venus ici il y a quelques années.

Nous remontons une longue allée avant d’arriver devant le temple où des hommes attendent et nous informent que sans guide nous ne pouvons pas entrer mais uniquement voir le site de l’extérieur. Leur requête ne semble pas honnête et le ton commence à monter avec ces trois individus qui ne veulent laisser rentrer personne sans qu’un guide soit présent. Hors de question que je cède face à leur insistance, qui attise ma colère, d’autant plus que nous sentons qu’il se trame quelque chose de non officiel ici. Ils ne peuvent que faire face à mon refus ferme et n’opposent finalement pas de résistance après avoir vu ma colère monter.

100 mètres plus loin, un second barrage tente de nous stopper. Il s’agit en fait d’un homme, au discours plus calme – il a sans doute aperçu au loin notre vive discussion avec ses collègues – qui nous informe des règles qui régissent le lieu. Il est nécessaire selon lui d’être accompagné d’un guide afin de pouvoir avancer plus loin. En même temps qu’il nous explique et argumente sur la nécessité d’un guide, nous nous approchons de ce grand ensemble de temples éparpillés, avec notre homme aux basques. Son air détendu et avenant fini par nous convaincre, notamment lorsqu’il dit que c’est pour la surveillance du temple qu’un guide est obligatoire. Nous cédons et lui laissons 5 euros de pourboire, alors qu’il en demandait beaucoup plus, et nous continuons notre tour.

Soudain, je me remémore des lectures de blogs et de forums sur internet au sujet de ce temple. Les lieux sont tenus par une mafia locale qui rackette les touristes en exigeant un droit d’entrée prohibitif en plus de l’entrée officielle. Ma colère repart de plus belle et je demande le remboursement sur le champ du pourboire. Lorsque je lui demande sa carte de guide officielle, il hésite une seconde avant de me montrer un malheureux pin’s accroché à sa chemise, ce qui me fait m’esclaffer et me confirme qu’il s’agit bien d’un escroc.

Je lui demande de nous accompagner à la police afin de tirer cette affaire au clair. Il semble aussi en colère que nous et baragouine en indonésiens des noms d’oiseaux qui doivent m’être adressés, tout en marchant d’un pas décidé vers les officiels de la sécurité. L’apprenti mafieux semble vexé de ne pas avoir été assez convainquant, car croyez-moi leur technique fonctionne avec beaucoup de monde. Au dernier moment, nous lui faussons compagnie et repartons vers le parking. Après réflexion, mieux vaut en rester là, la police étant certainement corrompue, elle n’irait pas dans notre sens.

De retour au véhicule, nous expliquons les événements à notre chauffeur, qui avoue timidement qu’une mafia locale organise ce racket, que tout le monde laisse faire. Lui-même a été obligé de payer une somme à ces pourritures de mafieux afin de pouvoir se garer.

Conclusion, la visite aura été de courte durée mais riche en intensité ! Il est inadmissible que de telles pratiques existent – c’est le seul endroit de l’ile où les mafieux exercent, avec l’ascension du Mont Batur, où l’agression n’est jamais bien loin en cas de refus des touristes à se soumettre – et que les touristes se laissent convaincre ou intimider par des voleurs qui n’ont pas de scrupules à pratiquer le racket dans des lieux de culte. Plus les touristes seront informés, plus il y a de chance que cette pratique cesse s’ils refusent fermement de payer cette « taxe locale ». Le très beau site de Besakih ne mérite pas d’être laissé aux mains de la mafia.

Le palais de justice de Kunglung

Après cet épisode mouvementé, je retrouve ma zénitude, bien adapté à l’environnement balinais, et nous pouvons continuer notre tour, avec la visite de Kunglung, un ancien palais de justice avec un temple, entouré d’un bassin avec un jet d’eau et des nénuphars. Un lieu très plaisant.

Cette riche journée de découverte nous emmène jusqu’à la grotte de Goa Lawah, également un lieu de culte, mais qui tire sa particularité de ses dizaines de milliers de chauves-souris qui grouillent à l’intérieur et qui n’attendent que le coucher du soleil pour débuter leur chasse nocturne.

Avant de revenir à la Keliki Painting School, nous faisons une dernière halte au marché de Giyanyar, la nuit tombée, uniquement fréquenté par les locaux. Nous découvrons le plat traditionnel balinais, le Babi Gulling, un porc cuit à la broche, où presque tout se mange, notamment la peau. Ce plat nous rappelle le canard laqué de Pékin et ne sera finalement pas à la hauteur de nos attentes.

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