Etape 7 : Kebnekaise-Nikkaluokta

Il ne me faut pas plus de 45 minutes pour arriver à Nikkaluokta, tellement mon campement était proche de l’arrivée. Je profite d’un petit déjeuner à volonté pour remplir mon estomac à bloc avant de prendre le bus en direction de Kiruna à 12h30. Il me faut une heure pour retrouver Kiruna et l’auberge de mon arrivée il y a 7 jours. Ayant prévu un jour de marge lorsque j’ai acheté les billets d’avion, je me vois contraint de rester ici un jour de plus pour ne repartir qu’après-demain. De quoi me refaire peu à peu à la civilisation et redécouvrir le plaisir d’ingurgiter des calories.

Jour 8

La veille de mon départ, j’espère une dernière fois voir ce qui me fuit depuis mon arrivée et qui pourtant est palpable en ce mois favorable, les aurores boréales. Vers minuit je sors du lit et de l’auberge pour examiner le ciel. Une clarté intrigante sur une partie du ciel m’incite à prendre mon matériel photo et à m’éloigner de l’auberge afin de gagner en obscurité. Je marche dix minutes pour me positionner sur une colline près du camping de la ville. La lumière de la ville est ici moins polluante.

Mes yeux s’habituent peu à peu à la noirceur de la nuit et je commence à voir des mouvements lumineux dans le ciel… Enfin je comprends que les aurores boréales attendaient mon retour pour me récompenser des efforts de mon trek. Je reste une heure à contempler ce spectacle incroyable qui est dû à la collision entre les particules solaires extraites lors de pics d’activité (notamment en septembre) avec la magnétosphère (région qui protège la surface des planètes dotées d’un champs magnétique) située à 1000 km d’altitude. Les mouvements sont continuels et ne sont jamais identiques. En une heure de présence les 80 photos prises (20 secondes de pose par photo) ne se ressemblent pas. Par moment les aurores boréales semblent s’être arrêtées puis tel un phénomène surnaturel je vois réapparaitre la coloration claire formant un mouvement gracieux et régulier. Les aurores boréales ne se figent pas, elles se déplacent, elles dansent, elles dessinent un tableau magique qui ne dure que quelques secondes, comme un cadeau éphémère et unique offert au spectateur chanceux.

Les photos ne traduisent pas réellement ce que mes yeux ont pu observer car le temps de pose de 20 secondes amplifie la luminosité de la scène, du ciel, des étoiles, des nuages et des aurores boréales. Les lumières observées tiraient davantage vers le blanc-vert clair que le vert vif des photos.

C’est après une heure de contemplation du ciel que je retourne à ma chambre où le spectacle nocturne tourne encore dans ma tête un bon moment avant de laisser place au sommeil.

Conclusion

Ce fut la première fois que je partais en voyage tout seul. C’était une volonté de partir en solitaire, à l’aventure et en autonomie, afin de me tester et ainsi mieux me connaitre, en ne pouvant compter que sur mes décisions et mes actes. Les appréhensions qui précèdent ce genre d’aventure se transforment en expérience et offre des perspectives nouvelles en repoussant toujours plus loin les interrogations et les peurs, qui constituent souvent un obstacle dans la vie. Avec de la préparation, de l’organisation, de la prudence et du bon sens, il n’y a aucune raison de craindre une expérience de voyage en solitaire. D’autant que le Kungsleden est un chemin de randonnée avec peu de difficultés, si ce n’est ceux liés à la météo. Les dénivelés sont très faibles, l’orientation est évidente, les autres randonneurs croisés permettent d’échanger, les refuges sont là pour le ravitaillement ou pour passer une nuit sous un toit solide, les emplacements pour camper foisonnent à travers des paysages magnifiques… Le Kungsleden est parfait pour une première expérience de randonnée en solitaire et en partielle autonomie. Ce trek fut une si belle aventure, qu’à peine rentré, je me plonge déjà dans les recherches d’une nouvelle destination à la saveur identique…