Destination Tajkta

Le puissant vent m’a accompagné toute la nuit mais la tente n’a pas flanchée. Petit ajustement pour le prochain campement : mettre l’arrière de la tente face au vent pour que le profilé puisse faire passer l’air avec moins de secousses et empêcher les voiles de l’abside de claquer. Camper ça s’apprend, après tout ce n’est que la deuxième nuit de ma vie que je plante une tente.

L’espoir m’accompagnant encore, j’ai vérifié le ciel en pleine nuit au cas où la chance m’aurait permis de voire les aurores boréales, mais le ciel était chargé de nuages…

L’étape du jour sera plus courte que la veille, seulement 13 km, avec comme destination Tajkta. Contrairement à la veille où j’ai pressé le pas compte tenu des 20 kilomètres à parcourir, je prévois aujourd’hui un rythme plus détendu.

Le chemin est relativement plat et continue sa route dans la vallée, avec toujours ces sommets enneigés de part et d’autre. L’humidité du sol, en partie apportée par la neige fondue, permet le développement de fraiches couches d’herbe qui profitent à la vie animale. Je croise ainsi des lemmings – des rongeurs bicolores qui ressemblent à des hamsters – sous les poutres qui surmontent le sol gorgé d’eau, à plusieurs reprises. J’aperçois aussi des rennes, généralement par troupeaux, qui s’accordent parfaitement aux paysages. Ce magnifique animal est à l’affût lorsqu’un randonneur s’en approche trop et préfère anticiper sa fuite. Il m’est donc impossible de prendre une photo correcte avec la courte focale de mon objectif.

Les montagnes défilent plus vite qu’on ne le croit lorsque l’on marche dans des espaces aussi grands. J’essaye parfois de deviner au loin la continuité du chemin. Les distances dans une telle situation géographique, avec une vue sur plusieurs kilomètres, sont difficilement mesurables à vue d’œil.

A plusieurs reprises des cours d’eau sont à traverser. A cette période, ils sont moins abondants qu’en juillet, conséquence de la fonte des neiges. En plein été, il est nécessaire par moments de retirer ses chaussures pour s’adonner à un bain rafraichissant jusqu’aux mollets. Quelques champs de coton sont disséminés ici et là. Les bergers d’autrefois confectionnaient leurs oreillers avec ce coton.

Côté météo, le ciel est toujours couvert et le vent toujours présent, mais pas de pluie pour le moment. Elle est prévue pour ce soir et demain, ce qui risque de compliquer l’aventure.

C’est environ 5h après mon départ que j’arrive au petit refuges de Tajkta, qui n’offre pas de ravitaillement, mais des dortoirs et une cuisine collective. Je pars à la recherche d’un emplacement idéal dans les environs. Cela commence à être difficile de se laver à l’eau froide de la rivière, d’autant que le vent ne faiblit pas et amplifie la fraicheur de l’eau sur le corps. Évidemment, il est quasiment impossible de s’immerger entièrement. Il faut donc se contenter d’une toilette sommaire. C’est également l’occasion de se ravitailler en eau, toujours aussi claire et pure.

Étant encore novice en matière de trekking et de camping, j’apprends que l’organisation est primordiale dans ce genre d’aventure et j’essaye d’ordonner au mieux mon espace tente et mon sac. Idem pour l’installation de la tente, surtout lorsque le vent m’accompagne, compliquant les choses, et m’obligeant à réfléchir pour optimiser le montage et éviter de la voir s’envoler avant d’être solidement attachée. Mon temps libre est consacré à l’écriture, la lecture, à la photographie et à un peu de détente et de bavardage au refuges lorsque je m’y arrête un moment.

L’avantage de ce genre d’aventure est que le temps consacré à cuisiner se résume au chauffage de l’eau qui réhydratera mon repas en seulement 2-3 minutes. Évidemment on est très loin de la grande cuisine mais l’essentiel est de nourrir le corps de ses calories perdues pendant la journée. Il ne faut pas oublier que porter en permanence un sac avoisinant les 17/18kg (en comptant le ravitaillement, l’eau et le matériel photo) amplifie les efforts et la dépense d’énergie.

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