Kiruna, petite ville minière

Au petit matin, la ville de Kiruna se présente à moi dans une fraicheur scandinave pré-automnale. A 9h la léthargie collective des habitants plane encore sur la ville, qui semble prendre son temps pour se réveiller. Très peu de centres d’intérêt permettent d’occuper les touristes. Je m’approvisionne d’une recharge de gaz pour mon réchaud et de quelques denrées alimentaires locales afin de compléter les sachets lyophilisés achetés en France.

De retour à ma chambre, je finis les préparatifs de ma très proche aventure lapone puis je prends la direction de la station de bus où à 12h55 je récupère la navette gratuite qui dépose les passagers devant la minuscule gare ferroviaire qui fait face aux énormes mines autours desquelles a été construite cette ville de 18 000 habitants.

Je fais la connaissance d’une Hongkongaise venue en Suède dans le seul but d’apercevoir des aurores boréales. Elle m’apprend que les mois de septembre et de mars sont les plus favorables pour espérer assister à ce spectacle céleste si particulier. Abisko, qui est le point de départ de mon trek, est l’un des endroits en Europe qui offre le plus de chances de voir des aurores boréales grâce à son micro-climat lui permettant d’avoir souvent le ciel dégagé, condition sine qua non pour observer le phénomène. Je regarderai en direction du ciel ce soir au milieu de la nuit si le courage me prend de sortir de ma tente…

Abisko, début de l’aventure

Il faut moins d’une heure de train pour arriver à Abisko. Le trajet est de toute beauté, avec des paysages de la Laponie sauvage qui s’invitent aux fenêtres pour le plus grand plaisir des voyageurs.

Me voici débarqué du train à 14h45. Je me dirige droit vers le point de départ à environ 200 mètres de la gare. Une dizaine de randonneurs tout juste descendus du train se lance également dans l’aventure sans plus attendre. Les longues journées d’été en Laponie permettent de ne pas s’inquiéter de la tombée de la nuit, qui ne sera effective que vers 22h. La première étape est prévue pour être assez courte, environ 4 heures de marche.

Objectif : 110 km

Mon objectif est de parcourir la partie Nord du Kungsleden et ses 110 kilomètres en 7 jours, en faisant les étapes classiques signalées par la présence de refuges. Ces refuges offre la possibilité aux randonneurs le souhaitant de dormir à l’abri des caprices de la météo de la région en évitant de camper, contre 35-40 €. J’éviterai d’y dormir dans la mesure du possible à moins que la rudesse du climat me pousse à cherche un brin de confort dans ces refuges très rudimentaires. Certains refuges proposent également la possibilité de se ravitailler en produits essentiels pour les randonneurs.

Le temps est clément en ce début de trek. Le trajet de la première journée emprunte un sous-bois dégagé qui suit la rivière. Le balisage est efficace : des points rouges réguliers au sol signalent le chemin estival, des croix rouges surmontées sur des poteaux signalent quant à eux le chemin hivernal, emprunté par des randonneurs à ski ou à raquettes. Les deux sentiers se suivent sur la majorité du parcours mais quelques obstacles faits de gros rochers obligent le chemin hivernal à contourner ces éléments sur plusieurs centaines de mètres parfois. Il est inutile d’emporter un GPS pour le Kungsleden, si ce n’est pour calculer le total de kilomètres parcourus et connaitre les dénivelés effectués.

Bivouac dans les bois

La première étape n’est qu’une formalité. A peine 3 heures de marche et me voilà arrivé au premier refuge, celui d’Abiskojaure. Je préfère ne pas m’y arrêter et continue de marcher plus de 30 minutes. Cette première partie du trek est une zone protégée dans laquelle le camping y est interdit et oblige ainsi les randonneurs à dormir dans le refuge. Il faut donc s’éloigner de quelques kilomètres pour pouvoir planter sa tente. Les critères de choix de mes emplacements tout au long du trek répondront aux mêmes exigences : la présence d’une source d’eau à proximité, un sol relativement plat et meuble pour pouvoir y planter les sardines, et accessoirement une vue me permettant de profiter de la beauté des paysages.

Je profite de la présence des restes d’un ancien feu de camp pour le rallumer et tenter de faire fuir les derniers moustiques de la saison. Ces parasites compliquent la tâche des randonneurs en plein été et contraignent au port d’un filet de protection pour la tête limitant les désagréments, mais commencent à se faire rares en septembre. Pendant que la fumée fait son œuvre je me ravitaille et me lave à la source d’eau située à 50 mètres. L’extrême fraicheur de l’eau m’oblige à faire au plus vite. L’eau est d’une clarté rare et beaucoup la boive directement sans aucun traitement préalable étant donné le faible risque de contamination dû à l’absence d’activité humaine dans la région. Le risque zéro n’existant pas je dissoudrai systématiquement une pastille purifiante à chaque remplissage de gourde.

L’heure du premier repas lyophilisé est arrivé. J’utilise mon réchaud pour la première fois en faisant bouillir l’eau que je verse ensuite dans le sachet lyophilisé. Résultats, mes pâtes à la carbonara sont réhydratées et m’apportent les calories nécessaires après les efforts modérés de ma première journée.

Vers 21h, la fatigue me gagne malgré la luminosité extérieure qui persiste une fois le soleil couché. En juillet il est possible de voir le soleil de minuit durant 15 jours, où le soleil reste visible à l’horizon, conséquence d’une situation géographique au-delà du cercle polaire.

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