Les Highlands dans toute leur splendeur !

Cette nuit fut glaciale, comme en témoigne le givre déposé sur la toile de ma tente. Le gérant du camping m’informe que cette nuit la température était proche de -5°. Étrangement, il me dit qu’une nuit est fraiche lorsque la journée fut ensoleillée et douce en cas de temps capricieux en journée. Si j’avais la possibilité de choisir j’opterais pour la journée favorable, mon sac de couchage se chargeant de gérer les basses températures.

A scruter le ciel qui affiche un bleu azur dès le début de la matinée, j’ai du mal à me croire en Écosse, en octobre, dans les Highlands. Le tout combiné induit généralement pluie, brume et froid. J’en suis pour le moment très loin et je ne vais pas m’en plaindre !

Mes deux tendinites au niveau du talon m’invitent à la prudence aujourd’hui, en écourtant considérablement mon étape. Entre hier et aujourd’hui, ce sont 40 kilomètres – sur un total de 153 – que j’écourte grâce aux transports. Je préfère ménager mon corps afin de garder les chances de pouvoir être en mesure d’arriver au terme de la WHW.

Après avoir pris le soin de me ravitailler et de faire ma première lessive, je prends le bus à 10h50 qui me dépose à Bridge of Orchid, 15 minutes plus tard. Le lac Lomond est derrière moi. Devant moi se dressent enfin les paysages pour lesquels je souhaitais faire cette grande randonnée. Les trois premiers jours m’ont paru fades par leur manque d’intérêt, notamment la première journée, complétement inutile, qu’il est préférable de ne pas faire, à mon goût. Les hauts plateaux de cette fameuse région d’Écosse sont enfin proches. Ils constitueront le décor à 360° qui va m’accompagner durant les prochains jours. Le soleil fait ressortir les magnifiques couleurs automnales des collines. Des petits bois de conifères sont parsemés ici et là, ajoutant un élément de composition au paysage. Je savoure enfin mon aventure qui peinait à démarrer. Les étapes à venir seront les plus reculées de la civilisation, sans toutefois s’éloigner bien loin des routes.

Ma courte marche de 5 kilomètres me conduit à Inveroran, où je décide d’établir mon camp vers 13h. Pour la première fois depuis le début du trek, c’est un campement sauvage qui accueillera ma tente. Une petite aire située à 400 mètres du seul hôtel de Inveroran, dédié aux tentes de passage. Hormis quelques espaces réservés au camping sauvage, trouver un emplacement au hasard de la marche relève de la mission impossible. Entre les parcelles privés, les terrains vallonnés et une quasi absence de pelouse – ce sont principalement des herbes hautes qui entourent le chemin – il est très difficile de trouver un endroit idéal pour établir un campement.

Cette journée de récupération me permet de profiter de la beauté de la nature et de ses bruits. De nombreux cerfs brament au loin, à des kilomètres. La saison du rut court de septembre à octobre. Selon les estimations, dans les Highlands il y aurait environ 500 000 cerfs ! Leur nombre excessif est dû à l’absence de prédateurs. Cela fait plus de 200 ans que les lynx, les ours et les loups ont disparu de la région, laissant croitre la population des cerfs, et posant un problème sur l’écosystème de la région.

En allant me ravitailler en eau à l’hôtel situé à 400 mètres, je me vois couper la route par des cerfs, également attirés par la propriété. Alléchés par des carottes données par le tenancier, d’autres cerfs les rejoignent avant que tous ne repartent vagabonder dans leur environnement magnifique.

C’est dans un calme reposant – brisé par les cris des cerfs des alentours – en pleine nature, comme seul à des kilomètres, que je savoure l’écriture de ces lignes au soleil couchant. Une appréhension est tout de même palpable : je crains une nuit très fraiche et bruyante, surtout si les cerfs se prennent de curiosité à mon égard…

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