Étape raccourcie : quand le corps fait des siennes
Les courbatures au réveil font parties du quotidien du randonneur. Ce matin ne déroge pas à la règle. Plus inquiétant, une douleur ressentie hier au niveau du talon d’Achille persiste. Certainement un début de tendinite. Je crains avoir eu un rythme trop soutenu pour mon premier jour, censé être un échauffement pour ceux à venir.
Les premiers pas annoncent une journée difficile. Mon point d’arrivée est prévu dans 25 kilomètres, à Inverarnan, ce qui augure une assez longue journée. Dans la continuité de la veille, le chemin longue le lac Lomond, sur lequel naviguent des bateaux de croisière à la journée. Pas de tourisme en vue pour ma part mais des kilomètres à avaler, dont les premiers commencent dans un bois, à 8h30.
En cette fin de saison, mi-octobre, les trekkeurs ne sont pas légion. Les touristes profitant de stations balnéaires situées autour du lac sont beaucoup plus nombreux. En deux jours, je n’ai croisé qu’un groupe de marcheurs, qui s’étaient allégés de leurs sacs grâce aux services d’une compagnie de transport qui se charge de les acheminer jusqu’à la prochaine étape. C’est un procédé souvent utilisé sur la WHW, et à ce moment je les envie, au fur et à mesure que la lourdeur de mon sac accentue mes efforts et sollicitent davantage mes muscles déjà endoloris.
Malgré un paquetage que j’ai tenté d’alléger au mieux, les vivres pour une grande partie du trek, les accessoires photos et les deux litres d’eau font de mon sac un vrai fardeau. L’aventure qui devait être une marche à la découverte des paysages des Highlands se révèle en fait être un défi, physique et mental, d’autant que les paysages n’ont pour le moment rien de transcendants et sont loin de l’idée que je m’en étais faite…
Après environ 16 kilomètres de marche, j’arrive à Inversnaid, soulagé de poser mon sac et de reposer enfin mes muscles. La douleur de mes tendinites s’accentue, ce sont maintenant les deux talons qui me tirent violemment. Je décide d’être raisonnable et de raccourcir l’étape du jour en m’arrêtant ici, avant de repartir demain en transport, afin de sauter une étape, ce qui me laissera un peu de temps pour la récupération.
Arrivé à Inversnaid, Il me faut encore continuer près d’un kilomètre afin d’atteindre Bunkhouse, une auberge proposant un espace camping avec commodités. Arrivé en haut de la colline, à l’issue d’une rude montée, j’ai la désagréable surprise d’apprendre que le tenancier ne reçoit plus personne depuis une semaine, date de la fermeture saisonnière de l’auberge. C’est amer que je redescends au niveau du lac, où il me faut attendre plus d’une heure l’arrivée du ferry me permettant de rejoindre la berge située de l’autre côté. Après trente minutes de traversée, je ne suis pas au bout de mes peines : une autre attente de plus d’une heure est nécessaire avant de pouvoir monter dans un bus me déposant finalement à Tyndrum, après 45 minutes de route, pendant lesquelles le soleil décline.
Il est 19h, je parviens enfin à l’agréable campement By the Way, et plante ma tente en trois minutes, la torche frontale vissée m’aidant dans cet exercice qui commence à m’être familier. Une fois de plus, il s’agit d’un camping aménagé et la douche bouillante est d’un réconfort indescriptible, surtout à l’issue d’une journée aussi dense, qui me laisse des séquelles physiques, que la journée allégée prévue demain (seulement 5 kilomètres) devrait soulager. Je l’espère…
Sur les conseils du gérant du camping, je vais me rassasier au pub du village, offrant des burgers appétissants. Il est d’ailleurs temps de poser mon stylo et de fermer mon carnet, ma pinte de bière et mon burger n’attendent que moi.