Une fois n’est pas coutume nous sommes en avance sur l’ouverture des portes du camp. Nous sommes la quatrième voiture à le quitter en espérant que notre réveil aux aurore sera récompensé. Notre but du jour est le même camp que le premier jour, celui de Tamboti, localisé plus au Sud de notre position actuelle. Mais pour le moment, direction Satara, certainement le camp le plus populaire de part son excellente situation géographique. C’est dans cette région qu’il est le plus aisé de voir les lions. C’est aussi un des plus jolis endroits avec de vrais paysages de savane, assez dégagé par moment.
Une des forces de ce parc est la diversité des paysages. Il est possible de passer d’une lisière de forêt à un paysage quasi-lunaire aux arbustes secs dépouillés de leur feuillage et de leurs branches sur une terre qui semble avoir été brûlée par le soleil ou bien même à une vaste étendue d’herbes semi-hautes. Nous ne savons pas si c’est à cause de l’hiver, très sec ici, ou si c’est le cas tout au long de l’année mais la verdure n’est pas très répandue dans la réserve. Les espaces les plus verdoyants sont ceux où coulent les rivières à proximité. Une très grande partie des points d’eau est à sec en ce moment.
Nous aurions aimé dormir à Satara ce soir mais le camp affichait complet lors de la réservation. On y fera cependant une halte ce midi.
C’est parti pour notre nouvelle journée de chasse ! Au bout d’à peine une demi-heure, nous sommes attirés par un attroupement de trois véhicules à l’arrêt, où les occupants paraissent enthousiastes. Arrivés à leur niveau, nous constatons la présence d’un troupeau de lions, essentiellement composé de lionceaux très joueurs et s’en donnant à coeur joie devant les objectifs des touristes. Superbe. Dans ces moments de pures rencontres fortuites, on a du mal à se projeter dans une future visite de zoo traditionnel, qui paraitra tellement fade face aux merveilleux moments que nous passons dans cette réserve naturelle. Après dix minutes de contemplation, nous laissons notre place aux autres voitures s’étant accumulées derrière nous. Vu le lieu propice aux rencontres avec le roi du parc, il n’est pas impossible qu’un tel moment se reproduise.
Nous continuons notre tour, toujours sur la route goudronnée où un décor particulier se dessine : une terre aride avec des arbustes dénudés de leur feuillage. C’est un décor qui sied à merveille aux hyènes, que l’on dépasse sur la route, au nombre de trois. Cela commence à être une habitude de croiser le chemin de ces bêtes. Peu après nous surprenons cinq gnous dans leurs exercices matinaux, courant dans tous les sens, traversant la route, se suivant et bondissant. Moment cocasse.
Arrivés à Satara pour le petit déjeuner, nous nous jetons sur le tableau mis à disposition des touristes où chacun indique les animaux phares qu’il a pu apercevoir en plaçant des pions sur la carte de la région du parc où se trouve le camp. Ingénieux système qui aide chacun à localiser plus ou moins la présence des animaux. Evidemment, cela n’est en rien figé, les habitants à quatre pattes ne restent que rarement au même endroit toute la journée.
C’est là que l’on se rend compte que les lions aiment se montrer. Ils ont été signalés de nombreuses fois dans le coin. A notre surprise, mais aussi de notre désespoir, des guépards et léopards sont aperçu quelques fois. Rien n’indique s’il s’agit de rencontres de nuit, avec un guide ou d’une rencontre diurne.
Sans trop nous attarder, nous repartons dans la cambrousse enchanteresse où nos yeux ne cessent de se régaler devant zèbres, girafes et autres éléphants dans leur sublime environnement.
Suivant une petite route de terre, nous nous arrêtons au même niveau que deux autres voitures : deux lions mâles, majestueux avec leur crinière, se prélassent au pied d’un arbre, à l’ombre avant de s’enfoncer dans la savane. L’avantage d’avoir d’autres véhicules sur notre chemin est l’augmentation des chances d’apercevoir quelque chose d’intéressant étant donné qu’il est fort probable qu’à deux dans notre véhicule, dont un chauffeur, nous passons à côté de certaines bébêtes. Nous nous contentons ainsi pas que de nos deux yeux mais bénéficions aussi des découvertes des autres touristes.
Kruger compte environ un million de visiteurs par an mais le territoire est tellement dense que nous n’avons pas l’impression d’une surpopulation touristique. Certes, vers Satara les voitures sont plus nombreuse mais cela reste vraiment supportable.
En continuant sur cette même route de terre, nous avons la chance de tomber sur un rhinocéros. Et de quatre Big Five dans la même journée ! Le léopard, lui, joue toujours avec nos nerfs… Autres animaux, autres découvertes et enchantements : singes, hippopotames, mangoustes, tortues… Et sur le retour vers le camp de Satara un éléphant prenant un bain dans une rivière et s’amusant même à faire de l’apnée en s’immergeant complétement.
Pause déjeuner à Satara puis nous rejoignons notre carrosse à 14h, avec lequel nous sommes devenus inséparables, pour notre troisième tour de la journée. A cette heure où les animaux se font assez discret et où la lumière vive, agressive et blanche n’est pas favorable à de jolies photos, la plupart des touristes préfère profiter des commodités du camp : piscine, barbecue… Pour des photos plus réussies, il est préférable d’attendre le coucher du soleil. Pour nous, il n’est pas pensable de rester à nous prélasser dans un des camp alors qu’un magnifique parc aux centaines de milliers d’animaux est juste à côté. Nous sommes presque continuellement sur la route pour pouvoir apprécier pleinement les beautés et les savourer aux maximum. Et notre abnégation est récompensée avec une nouvelle rencontre avec des lions, au pied d’un arbuste. Cette région est réellement propice à l’observation du roi des animaux. Le reste de notre tour nous réserve moins de surprises.
En fin d’après-midi nous rejoignons notre safari tente, au camp de Tamboti, mais cette fois suréquipée, avec cuisine extérieure sur la terrasse. Ce soir, nous nous ferons notre tambouille. Même si les boutiques du camp offrent un choix limité pour la nourriture cela reste sûrement préférable du point de vu de la qualité (quoique…) que celle du restaurant des camps, qui affichent tous la même carte, constituée de plats probablement surgelés. Certes, abordable niveau prix mais très moyen gustativement parlant. Surtout pour deux Français qui adorent la bonne bouffe…
Nous avons déjà séjourné dans ce camp et nous avons eu droit à une visite bruyante des babouins. Cette fois, pour limiter le vacarme en pleine nuit, nous rentrons notre sac poubelle à l’intérieur et retournons notre poubelle extérieure. Les primates auront trouvé plus malin qu’eux ce soir.