L’Escalier du diable, au sommet du trek
Ce matin, le sentiment de fin d’aventure est palpable. Encore deux jours à flirter avec les Highlands avant d’achever la WHW. Quelques nuages m’accompagnent sur la route de l’ascension la plus rude de la randonnée, appelée « L’escalier du diable », et ses 260 mètres de dénivelé sur 1,5 km. Je me sens ici moins seul que les jours précédents. Nous sommes dimanche, les Écossais ont sorti leurs chaussures de marche pour l’occasion.
En l’espace de trente minutes et une montée finalement pas aussi dure que le laissait présager son nom, me voici au point le plus haut de la randonnée, à 548 mètres. La Grande Bretagne n’est pas réputée pour ses hauts sommets, la plus haute montagne, Ben Nevis, ne culmine qu’à 1344 mètres.
Une fois parvenu au sommet, je passe la crête me permettant d’accéder de l’autre côté des collines. Le panorama dégagé m’offre une visibilité sur les Highlands sur plusieurs kilomètres. Seul point noir au paysage, la route principale, que la randonnée ne quitte jamais de très loin. Contrairement à ma précédente aventure, en Laponie suédoise, où durant 7 jours j’étais au plus près de la nature et au plus loin de la civilisation, la WHW n’immerge jamais vraiment les marcheurs dans un environnement éloigné de tout. Cela a l’avantage de me proposer un confort rudimentaire mais agréable : celui de bénéficier d’une douche chaude tous les soirs. Un ravitaillement en eau dans les sources naturelles croisées sur le chemin semble impossible par le peu de sources et la qualité quelque peu douteuse de l’eau.
Je croise le premier francophone depuis le début, un Belge, accompagné d’un Anglais et d’un Australien. Il n’y a pas foule en ce mois d’octobre. La grande majorité des marcheurs semble être écossaise. J’évite d’ailleurs de m’attarder lorsque je converse avec eux, leur accent me donne toutes les peines du monde à les comprendre, d’autant que mon niveau d’anglais n’est pas des plus confortables pour tenir une conversation.
A plusieurs kilomètres à vol d’oiseau, j’aperçois le village de Kinlochleven, qui sera l’ultime étape de mon trek. Je descends la montagne pendant près de 2 heures, avant de pénétrer dans un environnement boisé, ennuyeux et répétitif. Les paysages que j’affectionne le plus sont ceux me faisant marcher dans des grands espaces, avec une vue dégagée au loin. Traverser des forêts n’offre qu’une monotonie dont je me passerais bien.
A 14h30 me voici arrivé dans le petit village endormi de Kinlochleven, qui ne donne envie que d’y faire une courte étape. Après avoir payé les traditionnels 7/8£, je pose ma tente sur une pelouse d’un petit camping.
Mes douleurs aux tendinites ne se sont réveillés qu’en fin d’étape, ma crainte de devoir écourter le trek s’estompe donc, motivé par une fin proche, demain étant le dernier jour.