Cette nuit aura été la plus difficile depuis le début de mon trek. En cause un vent très fort qui a amplifié la faible température, m’obligeant à n’emmitoufler comme jamais dans mon sac de couchage malgré mes trois couches : t-shirt, polaire et doudoune. Le bonnet fut évidemment vissé sur ma tête, comme toutes les nuits précédentes. Les éléments climatiques commencent à me donner raison de vouloir en terminer avec ce trek.

Au petit matin, le calme est revenu et je peux enfin m’extirper de ma tanière. La longue journée d’hier m’a considérablement bien avancé du prochain refuge, celui de Kabnekaise, si bien qu’en moins d’une heure je l’aperçois au loin. C’est le plus grand de tous ceux que j’ai traversés depuis le début. Plusieurs bâtiments font office de dortoirs et je me réjouis de la présence d’une boutique, d’un restaurant et d’un coin séjour agréable. Et cerise sur la gâteau, le refuge est alimenté en électricité ! C’est la plus haute montagne du pays, le Kebnekaise, qui justifie ces infrastructures car certains marcheurs ne viennent ici que pour l’ascension de cette montagne.

Ce petit sentiment de retour à la civilisation me revigore après six jours au cœur de la nature lapone. Évidemment, je ne perds pas une minute pour rejoindre le restaurant qui m’offre un moment de plaisir avec des douceurs sucrées, le tout dans un environnement chauffé. Des petits plaisirs simples mais que l’on redécouvre dans ces moments de pénurie de confort et qui sont appréciés à leur juste valeur après une abstinence de plusieurs jours.

Par bonheur mon téléphone capte enfin un signal qui me permet de rassurer mes proches, restés sans nouvelles depuis Stockholm. Tout le monde est rassuré, mon estomac est rassasié et mon moral regonflé à bloc. Tous les voyants sont au vert pour reprendre ma route finale vers le Nord. L’idée est d’avancer au mieux sans pour autant parcourir tout le chemin restant car je ne compte prendre le bus me ramenant à Kiruna que demain midi.

Je me lance alors à l’assaut des 17 kilomètres restant sur les 110 que compte le Kungsleden, dans des paysages qui contrastent singulièrement. Je laisse derrière moi les montagnes enneigées et les larges vallées pour m’aventurer dans une forêt qui ressemble au cadre que j’ai connu lors de ma première étape. Pas de décor transcendant donc, et une impression de fin d’aventure qui se dessine, d’autant que le chemin n’est pas des plus agréables, avec des nombreux obstacles rocailleux m’obligeant à regarder davantage au sol que devant moi.

Le chemin se fait légèrement descendant, et c’est à une allure prononcée que j’avance. Si bien que je m’aperçois n’être seulement qu’à environ 5 km de Nikkaluokta lorsque je songe à poser ma tente. Mais l’exigence de trouver un endroit digne de mes magnifiques spots précédents me fait continuer de longues minutes pour enfin trouver un camp idéal, juste avant le dernier pont en direction de Nikkaluokta, à environ 3 kilomètres. Rivière, petite clairière dans la forêt, feu de camp déjà installé, il ne me reste qu’à déplier une dernière fois ma maison portative et de trouver du combustible. Une dernière soirée tout en douceur où la météo me permet de diner en dehors de ma tente.

Mon aventure prendra fin demain, je savoure une dernière fois cette sensation de liberté. La liberté de pouvoir me déplacer, m’arrêter, contempler, m’installer pour la nuit où bon me semble. C’est ça aussi que je suis venu chercher ici, en dehors du dépaysement naturel.

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