Une première partie vite expédiée

Étant donné le profil de l’étape du jour – 12 kilomètres et un parcours dit facile – je profite du temps calme pour rester un peu plus longtemps dans mon campement. Il est agréable de voir enfin la couleur azure du ciel, peu propice à se montrer ces derniers jours. Le terrain s’annonce plus agréable que la veille avec moins de rochers et une boue quasi-absente. Comme tous les jours depuis le début du trek je croise d’autres randonneurs que je dépasse ou qui me dépassent mais aussi que je croise en sens inverse. Bien que la saison se termine dans dix jours, la Voie Royale suédoise est populaire sans toutefois être une autoroute à randonneurs. Le sens le plus commun est de partir du Nord, d’Abisko, en direction du Sud, comme je fais. Même si l’inverse est possible, il est préférable de commencer du Nord pour ainsi voir progressivement les paysages devenir plus beaux jusqu’à la montagne Kebnekaise, le sommet le plus haut du pays.

Le chemin suit toujours la vallée qui s’élargit et dans laquelle des petits cours d’eau venus des montagnes forment la rivière principale, dont le débit varie selon les affluents qui le nourrissent. Entre deux étapes je trouve parfois des petits refuges sans gérant permettant aux marcheurs de reprendre des forces à l’abri d’une météo capricieuse.

Malgré un rythme tranquille depuis mon départ, je suis surpris de voir à l’horizon le refuge de Singi. L’étape du jour est donc bouclée alors qu’il n’est que 12h30. Je préfère continuer ma route en direction de l’avant-dernière étape de mon périple, Kebnekaise et son sommet éponyme, en pensant m’y arrêter vers 15h afin d’éviter que l’ennui me ronge. Tant que mes jambes me suivent, j’avance. Je n’ai que très peu de courbatures depuis le début et mon corps me réclame de continuer.

En direction de Kebnekaise

Je sors alors du Kungsleden pour bifurquer vers l’Est et les deux dernières étapes. N’effectuant que le tronçon Nord, c’est à Singi que le chemin me sépare des randonneurs continuant vers le Sud (peu le font). A partir de Singi, plus de marquage au sol, uniquement un balisage réservé aux randonneurs à ski de l’hiver. Il faut par moment projeter son regard au loin pour deviner la meilleure direction lorsque le chemin se perd entre les rochers et les petits cours d’eau à traverser.

A la vue d’un panorama magnifique avec un lac j’hésite à me poser pour la nuit. Mais après réflexion je préfère continuer et j’arrive dans une vallée plus étroite, avec de hauts sommets de chaque côté, entourés de nuages. A la sortie de cette vallée le balisage devient moins évident et les pieds s’enfoncent dans des petits marécages désagréables, sans être dangereux, le risque maximum étant d’avoir de la boue jusqu’aux mollets.

La fatigue commence à se faire sentir et je cherche un endroit idéal pour camper. Je peine à le trouver et redoute le vent à cet emplacement, mais je ne parviens pas à deviner un meilleur endroit à l’horizon. Le vent me donne quelques difficultés mais le rodage est fait, je commence à maitriser l’art du montage de tente par temps difficile.

C’est une marche de 7h30 qui m’aura finalement conduit tout près de la prochaine étape, comme je le découvre sur ma carte. Il me suffira d’environ une heure pour y arriver. Cela me permettra de découper l’ultime étape en deux. L’hélicoptère chargé d’apporter le ravitaillement aux refuges et d’y rapatrier les ordures fait des allers-retours au-dessus de ma tête et me confirme la proximité avec le grand refuge de Kebnekaise.

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