4h30, notre tente n’a pas cédé et le temps est redevenu plus clément. Aujourd’hui pas mal de route en perspective avec un changement de région et la direction du camp de Pretoriuskop, dans le Sud-Ouest du parc, où nous passerons nos deux dernières nuits. Nous repassons une ultime fois par Satara où nous attend un spectacle surprenant, un lion allongé sur le bord de la route, sur un pont. Les voitures s’arrêtent à deux mètres à peine et sont loin de le sortir de sa torpeur. On se risquerait presque à tenter de le caresser. Un peu plus loin, deux de ses congénères développent la même inactivité dont un magnifique lion et sa crinière royale. Les lions sont tout en haut de la chaine alimentaire et ne craignent donc personne. On le voit à travers leur indifférence à l’égard des véhicules qui les approchent. C’est un spectacle agréable auquel nous avons du mal à nous lasser.

Autre forte impression lorsque nous croisons tout au bord de la route un troupeau de buffles, toujours aussi impressionnants, en train de brouter comme ils le font si bien tout au long de leur journée. Cette fois encore nous les approchons à quelques mètres, mais avec un peu moins d’appréhension que lors de notre première rencontre rapprochée il y a quelques jours.

Au fur et à mesure que nous descendons vers le Sud, les paysages changent et deviennent de plus en plus beaux. La verdure y est abondante et les plaines s’étendent au loin. Nous avons enfin l’image de la savane telle que nous nous l’imaginions. Il y a aussi du relief avec de grandes collines à partir desquelles nous dominons un paysage lointain magnifique et qui paraît infini. Ce parc nous enchante de jour en jour par sa splendeur.

Sur notre route les animaux se multiplient : zèbres, koudous, impalas et phacochères y abondent joyeusement. Nous y verrons même deux lions au loin.

Nous nous arrêtons pour le déjeuner au camp de Lower Sabie, surpeuplé, tant cette région a du succès. A la sortie du camp, un somptueux lac où une trentaine d’hippopotames sont à leur paroxysme de leur oisiveté. Crocodiles et oiseaux en tous genres se plaisent aussi beaucoup ici.

Pour parvenir à notre camp du soir, il nous reste près de 4 heures de route. Nous prenons une partie de route de terre sur lesquels guépards et léopards ont déjà été vus régulièrement. Malheureusement, pas de félin mais un autre moment fort, avec deux rhinocéros qui avancent à leur paisible rythme sur la route, droit sur nous. Dans ce cas, le premier réflex est de sortir l’objectif et de mitrailler avant de faire une petite marche arrière pour partir sur un éventuel demi-tour. Quand les roues frottent la terre en braquant, les deux compères préhistoriques s’arrêtent net et tournent la tête sur le côté afin de nous regarder. Les rhinocéros ne voient pas devant eux mais uniquement sur le côté. Nous nous retrouvons face à deux énormes herbivores surpuissants à qui nous barrons la route à notre insu et qui semblent réfléchir à la réaction à adopter. Pas de crainte à avoir, ils ne sont que très rarement agressifs bien que leur physique ait de quoi dissuader les plus téméraires des aventuriers. Ils continuent leur chemin en sortant de la route pour nous contourner et y revenir ensuite. Encore un moment très fort et complétement inattendu. Ces rencontres improbables qui ont lieu à n’importe quel moment est ce qui nous émerveille le plus dans ce parc Kruger.

Le contact rapproché avec le rhino est le quatrième Big Five avec lequel nous nous sommes retrouvés à moins de 10 mètres, non sans quelques frissons. Nous avons eu l’éléphant le premier jour, qui nous a coupé notre route, le troupeau de buffles rencontrés au hasard d’une petite route de terre, toujours en nous coupant la route, les lions dormant sur le bitume à deux pas des voitures et maintenant deux rhinocéros qui s’avancent droit sur nous. Il ne nous manque plus que le léopard, toujours insaisissable. Le Big Five n’est pas forcément les animaux que l’on souhaite rencontrer en priorité – c’est également un bonheur de voir zèbres et girafes – mais nous comprenons pourquoi ils sont regroupés sous cette même dénomination, compte tenu de leur dangerosité potentielle. Potentielle car ils ne sont naturellement pas méchants mais peuvent représenter une réelle menace en cas de contrariété.

La région de Prétoriuskop est assez fréquentée, notamment par les Sud-Africains qui sont en vacances en ce moment, il me semble. Peu avant d’arriver à notre camp, des hyènes se laissent paisiblement approcher par les véhicules et viennent même circuler entre eux, sans présenter une quelconque menace et attirent même la sympathie. Nous ne pensions pas voir autant cet animal à la réputation sulfureuse, sur lequel notre regard aura quelque peu changé.

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